Livre, la fin de l’histoire ?

Malgré l’explosion du numérique, les livres papier ont encore de l’avenir. Patronaux ou syndicaux, les acteurs de la librairie sont […]

Comment mieux répartir la valeur entre tous les acteurs du secteur pour sauver les petits éditeurs et les librairies indépendantes sans rien abandonner des droits et des garanties collectives des salariés ? Photo : MaxPPP
L’avenir passera par une autre répartition de la valeur entre tous les acteurs de la chaîne du livre, défend la Cgt.

Malgré l’explosion du numérique, les livres papier ont encore de l’avenir. Patronaux ou syndicaux, les acteurs de la librairie sont d’accord sur ce point. Et les statistiques les y encouragent. Pour preuve, à ce jour, les livres numériques ne pèsent que 3 % des ventes. C’est peu, bien peu au regard de l’importance considérable qu’a pris ce mode de production dans des secteurs connexes comme ceux de la musique ou de la vidéo, où plus de 25 % de la valeur relève désormais des biens dématérialisés. Et puis, si l’e-commerce et ses pure players – Amazon en tête – menacent, en contournant la loi Lang et le prix unique du livre qu’elle impose, le réseau traditionnel des librairies, indispensable à la diffusion d’ouvrages de qualité, se maintient. Selon l’Observatoire de la librairie, les structures indépendantes enregistrent même une progression de leur chiffre d’affaires supérieure à celle du marché, de l’ordre de 2,7 %.

Reste que le statu quo n’est pas une solution. D’autant moins que, en l’état, les relations inégales entre les différents acteurs de la « chaîne du livre » fragilisent fortement le secteur, expliquent Perrine Ablain et Louise Cohadon, libraires et animatrices du Syndicat des libraires d’Île-de-France. Sur un livre vendu à 10 euros, 0,80 euro, au mieux, revient à l’auteur selon le ministère de la Culture, 2,10 euros à l’éditeur, 1,5 au fabricant, 2 au distributeur et diffuseur et, enfin, 3,60 euros au libraire. Un pourcentage qui met les acteurs sous pression. Les maisons d’édition surproduisent pour espérer engranger un chiffre d’affaires acceptable, et les libraires doivent faire des choix commerciaux qui limitent la diffusion d’ouvrages difficiles.

Propositions syndicales

Si l’instauration du prix unique a sauvé un réseau indépendant de vente des produits éditoriaux de qualité, cette politique a donné aux éditeurs une responsabilité considérable : celle de fixer le prix de vente du livre, donc « les revenus assurés aux autres acteurs de la chaîne, de l’auteur au libraire », résume le syndicat patronal de la librairie. Comment pérenniser l’activité ? Comment mieux répartir la valeur entre tous les acteurs du secteur pour sauver les petits éditeurs et les librairies indépendantes sans rien abandonner des droits et des garanties collectives des salariés ?

Il y a deux ans, la Filpac-Cgt avait organisé des Assises du livre afin de préciser, toutes professions du livre confondues, des stratégies possibles pour conforter l’avenir du livre papier. « De meilleures relations financières entre éditeurs et libraires, plus équilibrées, fondées sur des remises plus importantes et de meilleures conditions de retour avaient été proposées », témoigne Rémy Frey, secrétaire du syndicat Cgt chez Gibert Joseph. D’autres mesures avaient été envisagées comme le plafonnement des loyers pour les commerces culturels indépendants des centres-villes, ou des stratégies commerciales pour sortir de leurs murs et aller vers de nouveaux publics. L’histoire que se donneront demain l’édition et la librairie indépendantes ? Affaire à suivre.