Avec la crise sanitaire, un coup d’arrêt brutal porté à  l’insertion de la « génération 2017  »

Deux ans après, les effets du premier confinement sur la vie professionnelle des jeunes n’ont pas fini de se manifester. C’est ce que montre la dernière enquête du Céreq.

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Avant le Covid, la «génération 2017 » était mieux insérée que son aînée. © AltoPress / Maxppp
Deux ans après, les effets du premier confinement sur la vie professionnelle des jeunes n’ont pas fini de se manifester. C’est ce que montre la dernière enquête du Céreq.

Jusqu’alors, de nombreux indicateurs étaient au vert. Le niveau de diplôme  ? En hausse, presque la moitié des jeunes étant désormais diplômée de l’Enseignement supérieur. L’accès aux Cdi  ? Plus fréquent et plus rapide  :   «  Une tendance qui vaut pour tous.   »  Le taux de chômage  ? En baisse pour la génération 2017, à  tous les niveaux de diplôme  : 18  % en février 2020, contre 23  % pour la génération 2010… Mais la crise sanitaire   «  va provoquer un coup d’arrêt brutal et geler l’“atout emploi”   »,  montre le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) dans sa  première analyse de l’enquête «  Génération 2017   ». En résumant ainsi la situation, après avoir interrogé plus de 25  000  jeunes entre septembre 2020 et mars 2021  :   «  Des parcours contrastés, une insertion plus favorable, jusqu’à …   ». Jusqu’à  la crise sanitaire…

Cette génération globalement  « mieux insérée que son aînée  » va en effet connaître deux phases distinctes au cours des 40 premiers mois sur le marché du travail. D’abord, une croissance rapide de la part des jeunes en emploi, l’année qui suit directement la sortie de formation. Puis un coup d’arrêt brutal aux embauches et un coup de frein net aux mobilités professionnelles, au moment du premier confinement :  « La chute de l’activité induite et le filet de sécurité mis en place dans le même temps ont immédiatement infléchi les comportements des différents acteurs sur le marché du travail, laissant une marque tangible sur le parcours professionnel d’une partie des jeunes  », soulignent les chercheurs. Entre février et mai 2020, la part des jeunes de la génération en emploi chute de 2,8 points, un recul plus accentué que pour leurs aînés expérimentés. En octobre de la même année, leur taux de chômage remonte à  20 %.

Des conditions de travail dégradées pour un tiers des jeunes

Comme ce fut le cas pour de nombreux actifs, ce mouvement s’est accompagné d’une dégradation des conditions de travail, jugées  « plus difficiles  ». La modification brutale des conditions d’activité a ainsi, toujours au moment du premier confinement, affecté 89 % d’entre eux. Lorsque celle-ci n’a pas été purement et simplement stoppée (pour 20 % des jeunes), ils sont presque un tiers à  témoigner d’une dégradation des conditions de travail. Certes il y aura bien  « un rebond estival  », la grande partie de l’emploi perdu étant alors récupéré. Mais ce rebond est contrasté.

S’il est en effet davantage observé pour les non-diplômés, plus affectés d’ailleurs par les conséquences de la crise, il reste incertain pour ceux qui travaillent ou cherchent un emploi dans les secteurs d’emploi qualifiés. Là , l’activité est encore loin de retrouver son rythme d’avant crise, ce qui conduit les entreprises à  rester prudentes et à  retarder les recrutements des plus diplômés.  « Deux ans après, prévient l’étude, les effets sur la vie professionnelle de chacun n’ont pas fini de se manifester.  » Elle s’interroge : cette génération va-t-elle bénéficier des phases de reprise économique ? Comment va-t-elle être touchée par la nouvelle crise internationale ?

Ces questions se posent d’autant plus que l’amélioration observée avant la crise sanitaire peut être relativisée. D’une part parce que l’insertion de la Génération 2017 est  comparée à  celle de 2010, dont les premiers pas dans la vie active avaient été fortement impactés par la crise économique et financière intervenue deux ans plus tôt. D’autre part, parce que cette amélioration globale masque de multiples fractures, dans un contexte o๠l’accès à  l’enseignement supérieur reste très marqué socialement  :   «  Les parcours restent difficiles – voire chaotiques – pour plus d’un tiers des jeunes, et surtout pour les non-diplômés, souvent cantonnés aux marges de l’emploi.   »

Pour autant, les spécificités de cette génération sont  « notables  » pour le Céreq, comme en témoigne la hausse continue du niveau de diplôme, portée par l’augmentation de la part des diplômés de Master ou le développement de l’alternance (apprentissage, contrat de professionnalisation…). à€ tous les niveaux : un quart des titulaires d’un Master et des sortants d’écoles de commerce et d’ingénieurs choisissent désormais cette voie.

C. L.